Saint-Georges Nigremont
Un lieu chargé d'histoire.
Une occupation ancienne
A proximité du village de La Clidelle, l'oppidum fortifié des Murauds dessine un quadrilatère de gros blocs, naturels, rapportés ou grossièrement appareillés. Les différents sondages archéologiques qui y ont été effectués témoignent d'une occupation du site à l'époque des invasions celtiques (1400-700 avant JC). Il est aujourd'hui en grande partie recouvert par une végétation boisée.
Un centre politico-religieux influent au Moyen-Âge.
La paroisse de Saint-Georges Nigremont semble, si l'on s'en réfère à Grégoire de Tours, avoir été fondée au VIème siècle, autour d'un petit oratoire en bois édifié par des moines-ermites et consacré à la vénération des reliques de Saint-Georges.
A l'intérieur de l'église, un vitrail, une statue et un tableau sont consacrés à Saint-Georges et le représentent terrassant le Dragon ...
Le témoignage le plus ancien : la bataille entre les petits fils de Clovis en 556.
Grégoire de Tours (538-594) relate, dans le livre IV de son "Histoire des Francs", une anecdote selon laquelle les fils du roi Clotaire, Gontran et Charibert d'une part et Chramn d'autre part, s'affrontèrent au lieu-dit la Montagne Noire (le Nigremont en occitan), entre Clermont et Limoges en l'an 556. La bataille fut interrompue par un violent orage et Chramn put ainsi prendre la fuite.
La paroisse connaît son âge d'or sous les Carolingiens en devenant un centre politico-religieux : une vicairie. Le "Pagus Nigremontensis" s'étend alors jusqu'à Crocq et Auzances à l'Est, Saint-Martin le Château et Bussière Saint-Georges à l'Ouest.
Une place fortifiée pendant la guerre de Cent ans.
Site naturel et précoce de surveillance, le Nigremont est fortifié au haut Moyen-Âge par l'édification d'une petite forteresse jouxtant l'église.
Mais, à l'image du Comté de la Marche, la paroisse tombe pendant la guerre de Cent ans dans le domaine Plantagenêt. Elle subit l'occupation anglaise, les dévastations et le brigandage des Grandes Compagnies, ce qui contribue à son déclin.
Survivance de ces périodes troublées, une légende prétend qu'une princesse anglo-normande serait morte à Saint-Georges et sa vaisselle d'argent aurait été enterrée au pied du Mont Noir ; un lieu-dit, entre le site des Murauds et Rouzelie, porte encore le nom de "Croix des Trois Anglès".
En 1457, le château, en partie détruit, appartient à la famille de Montvert. Ce sont les plus anciens châtelains connus.
En 1516, la famille de Lestrange de Magnat leur succède.
En 1683, une partie du domaine de Saint-Georges est acheté par un bourgeois de Felletin : Antoine Ruyneau.
L'emplacement sera finalement racheté par la cure de Saint-Georges en 1740.
Le blason de Saint-Georges Nigremont réalisé par Monsieur Jean-François BINON.
Dans le bandeau supérieur, les armes des 3 seigneureries qui se sont succédées à Saint-Georges Nigremont : les de Montvert, les de Lestrange, les Ruyneau.
Un lent et inexorable déclin à l'époque contemporaine.
La commune de Saint-Georges Nigremont comptait 1772 habitants en 1851.
Les migrations saisonnières étaient pratiquées depuis le XVIIème siècle mais elles s'intensifièrent au XIXème siècle : les tailleurs de pierre, les maçons, les scieurs, les charpentiers et les tuiliers partirent massivement vers les chantiers lyonnais et parisiens. Ces départs saisonniers intéressèrent 37% de la population active du canton de Crocq pour la seule année 1860 !
Ces migrations prirent peu à peu un caractère définitif.
En 1883, un évènement politique affaiblit d'autre part la commune : le "bourg" de Pontcharraud et 13 villages se séparèrent de Saint-Georges et s'érigèrent en communes.
En 1906, Saint-Georges comptait encore 706 habitants.
Le recensement 2019 a dénombré 143 habitants.
Un site remarquable
Situé entre Felletin et Crocq, le village de Saint-Georges Nigremont, juché sur le Nigremont (le Mont Noir) à 746 m d'altitude et au bout d'une petite route en colimaçon, offre depuis sa table d'orientation, un panorama exceptionnel sur le pays de Crocq et sur les monts d'Auvergne distants de 50 kilomètres.
Une lunette panoramique gratuite y a été installée.
La table d'orientation
L'église
Elle a été construite au XIIIème siècle mais a subi de nombreuses transformations au XIVème puis aux XVIIIème et XIXème siècles.
Elle domine des jardins et des vergers en terrasses aujourd'hui en cours de restauration grâce à la création d'un chantier d'insertion.
La façade Ouest présente un clocher-mur typique de la région soutenu par trois éperons et percé au fronton de trois arcades pour recevoir les cloches.
L'ancien porche qui ouvre sous le clocher, ainsi que les corbeaux à figurines, sont en style roman.
Sous le porche, vous pouvez entendre l'horloge mécanique de type comtoise égrener les heures de la journée et voir les énormes poids en granite qui sont remontés deux fois par semaine.
Le porche principal, en ogive, a été ouvert sur la façade Sud au XVème siècle.
A l'intérieur de l'église, un grand tableau de Saint-Georges terrassant le dragon vient d'être restauré.
L'église du XIIIème siècle.
Le fournil du presbytère
La partie basse comporte un four en parfait état, un bujadier qui servait à faire la lessive et un potager qui faisait office de chauffe-plats.
La partie haute est occupée par l'Accueil touristique.
Le fournil du presbytère
Au pays du granite-roi
Présent partout, il donne au pays Nigremont son authenticité sévère et rude, son charme indéfinissable ...
On le trouve à l'état naturel aux sommets de quasiment tous les puys boisés sous la forme de chaos rocheux. Près du village de Lascaux, il contraint la Rozeille à une course échevelée parmi le dédale de rochers qui encombrent une gorge accidentée.
Autant de lieux sauvages et magiques qui ont nourri récits et pratiques superstitieuses.
Mais surtout, il a contribué à l'affirmation d'une véritable culture de la pierre dont les oeuvres abondent : carrières du Jarissou, ponts en "planches de pierre" du Masrandonneix, de Lascaux, de Rouzelie, maisons d'habitation, granges, fontaines de La Cour et de Grancher, monuments funéraires, murs de clôtures, de soutènement, témoignent d'une exceptionnelle maîtrise de l'art de la taille et de la pose de la pierre par les Saint-Georges d'hier.
La croix du cimetière, les monolithes dits "le siège de César" et à l'horizon, le bourg de Crocq.
Les terrasses de Saint-Georges Nigremont au printemps ...
Au pays de "Jeantou, le maçon creusois".
Havre de paix propice à la réflexion, à la création, cette petite commune rurale a une longue tradition d'accueil des intellectuels, écrivains, médecins et journalistes.
D'écrivains comme Georges Nigremont, René Eucher, Eugène Duteyrat, Rémy Foussadier ; de médecins comme le professeur Jean Judet ; de journalistes comme Renaud de Rochebrune ou Robert Guinot.
Georges Nigremont (1885-1971) :
Léa Vedrine est née à La Villeneuve le 16 février 1885.
Institutrice puis inspectrice des écoles, elle s'adonne à l'écriture et adhère largement au mouvement féministe de son époque.
Elle prend, en un clin d'oeil à la grande George Sand, le pseudonyme de Georges Nigremont, ce village où elle possède une maison et où elle vit une partie de l'année.
En 1936, elle publie Jeantou le maçon creusois. Ce roman, écrit pour la jeunesse et largement inspiré par la vie de migrant maçon de son grand-père ainsi que par les Mémoires de Léonard de Martin Nadaud, connaît un franc succès. Il obtient le Prix Jeunesse en 1937.
Georges Nigremont est décédée en 1971 et repose aujourd'hui au cimetière communal.
En hommage à l'écrivain local, le collège de Crocq porte désormais le nom de "Collège Georges Nigremont".
Les autres romans de Georges Nigremont sont :
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La Bru (Prix Gabriel Nigond) ;
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Une victoire aux Jeux Olympiques ;
-
Aubusson, ville déchirée.
Georges Nigremont au centre de la photo
Les autres auteurs :
René Eucher : Notice pour servir au renom de Saint-Georges Nigremont (Editions "Le Roseau nigremontain") ;
Jean Judet : Chirurgien de père en fils (Editions "Arthaud") ;
Eugène Duteyrat : La revanche du limousinant (Editions " Verso) ;
Rémy Foussadier : Les sabots de mon grand-père (Editions "C'est-à-dire") ;
Renaud de Rochebrune, Jean-Claude Hazera : Les patrons sous l'occupation (Editions "O. Jacob").